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Claps de faim

31 janvier 2011

Les oeufs mimosa... de "Le grand Restaurant"

« Qu'est ce que c'est que ça ?... »

« Des oeufs mimosa Monsieur Septime... »

« Vous appelez ça des oeufs mimosa vous ? »

« Oui Monsieur Septime »

« J'ai déjà dit que pour simuler le feuillage des oeufs mimosa, je voulais de l'estragon et non pas du persil ! »

Mon rire est irrépressible autant que mon admiration est indéfectible, dès lors que j'aperçois Louis de Funès sur un écran entreprendre ce que d'aucun jugent comme des grimaces, mais que j'appelle du grand art, un grand art de précision autant que d'invention. Une sorte de fildefériste du rire en équilibre constant, sa virtuosité oscillant sans cesse entre son propre plaisir et celui de son public.

Dans ce film datant de 1966, il incarne Monsieur Septime, un patron de restaurant gastronomique aussi fallacieux avec ses clients que d'une mauvaise foi tyrannique avec ses employés. Il n'hésite pas à se déguiser en client exigeant, dont la grande faim n'excède pas un radis et éventuellement un yaourt, pour mieux observer son personnel et distribuer les bons et les mauvais points. Et quand la coupe de son insatisfaction est vraiment pleine, il fait subir aux pauvres serveurs et autre sommelier, des cours de rattrapage drastiques, qui se finissent généralement en un ballet endiablé, où il vaut mieux pour être conservé dans les petits papiers du patron, ne pas faire tomber sa saucière entre une arabesque et un entrechat.

Le seul personnage qu'il craint vraiment, et devant lequel il n'arrive pas à surmonter sa couardise, c'est le « chef » qui officie en cuisine, il n'est d'aucune autorité face à lui. Le chef le sait bien et sait user à volonté de son pouvoir de domination sur Monsieur Septime.

C'est d'ailleurs dans la cuisine que se noue le drame de nos oeufs mimosa, nos deux protagonistes ayant une appréciation très différente de la vraie recette. Louis de Funès essaye de batailler comme il le peut, mais devant l'autorité du chef, ajoutée à la présence du petit filleul de ce dernier, Monsieur Septime rend les armes, sort de la cuisine en prétextant une occupation imaginaire, et se dresse un autoportrait honteux devant le miroir qui le ramène en salle. Heureusement pour sa culpabilité, les énormes bourdes faites en son absence par ses employés, lui permettent d'assouvir une basse vengeance, en distribuant à tour de bras des punitions aux mauvais élèves, sous forme de menus à recopier en gothique.

On peut sans doute s'étonner du choix d'une telle entrée dans un établissement aussi gastronomique comme celui tenu par Monsieur Septime... ce serait comme commander des carottes râpées chez Joël Robuchon ou un hareng pommes à l'huile chez Alain Ducasse.

Le scénariste Jean Halain fut sans doute une sorte de précurseur, il se doutait peut-être 45 ans plus tard, que les référents actuels en matière culinaire lui donneraient raison. Il est de fort bon goût maintenant de revenir aux fondamentaux, à une cuisine simple, directe et familière, qui ose aller flirter dans le terroir autant que sur le comptoir.

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Prévoir :
- 2 oeufs par personne,
- persil,
- mayonnaise.

Faire cuire les oeufs en les mettant à chauffer dans l'eau froide salée.
Les faire refroidir immédiatement sous l'eau froide puis les écailler.

Couper chaque oeuf en 2 dans la longueur. Mettre les jaunes dans un bol pour les écraser avec une fourchette.
Hacher le persil finement et l'ajouter aux jaunes d'oeuf.
Préparer une mayonnaise et la mélanger avec les jaunes d'oeuf.
Farcir chaque demi blanc d'oeuf avec cette préparation à l'aide d'une petite cuillère.

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13 décembre 2010

Les lentilles... de "Une histoire simple"

"Qu'est ce qu'il y a ?"

"Rien... je te regarde"

"Tu me trouves bien ?"

"Pas mal..."

On trouverait presque honteuse, l'expression de Bruno Cremer, alias Georges face à la beauté quarantenaire quasi insolente de Romy Schneider alias Marie dans ce film bouleversant de Claude Sautet.

Réalisateur phare des années 70, Claude Sautet, à l'instar de Claude Chabrol, n'est pas un cinéaste dont on dévorerait les images avec l'appétence d'un ogre cinéphile et gourmand, chez lui point de rituel scénaristique autour de la table, aucun trait culinaire venant appuyer le caractère ou le profil d'un personnage, Claude Sautet ne se "bouffe" pas, mais se déguste plutôt.

On ne s'invite pas aussi facilement dans son cinéma, pour la simple et bonne raison que lui même y pénètre à pas feutrés. Il est souvent spectateur des situations qu'il filme, presque un voyeur au sens noble du terme. Dans sa filmographie, nombres de scènes intimes sont d'abord observées de loin, il nous fait entr'apercevoir les protagonistes comme on le ferait derrière le trou d'une serrure, ils sont surpris, on leur subtilise un peu d'intimité.

Dans le film qui nous intéresse, il n'échappe pas à la règle. Le restaurant abritant Marie et Georges est d'abord cadré de loin, la caméra scrute avec la volonté de ne pas troubler le tête à tête, on ne perçoit même pas le brouhaha du lieu, comme si Claude Sautet, soucieux de forcer notre observation, souhaitait nous faire comprendre l'inutilité des mots en même temps que la force du silence, quand deux âmes respirent encore l'amour, bien malgré eux. On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoires, pour Claude Sautet les histoires sans paroles sont toujours les plus émouvantes.

Pénétrons maintenant à l'intérieur de ce bistro Parisien, décor de l'action, et observons d'un peu plus près. On perçoit presque une gêne maladroite entre les deux ex-amants, est ce parce que Marie a une requête à formuler auprès de Georges, ou bien espère t'elle retrouver une place dans ses bras sécurisants, et Georges brûle t'il encore d'ardeur pour Marie, ou n'ose t'il pas lui avouer qu'elle n'a plus rien à espérer de sa part ?

La réponse se trouve justement dans... les lentilles, légume souvent incontournable des brasseries populaires. Une fois le plat de Georges servi, celui ci le décline à moitié, un peu capricieux, en raison de sa supposée détestation pour celles ci, Marie se propose donc d'échanger leurs plats, prétextant qu'elle a toujours adoré ce légume, puis la conversation se poursuit. "Et Serge ?" demande Bruno Cremer, faisant allusion au nouvel amant de Romy Schneider, "Il n'y a plus de Serge" rétorque Marie aussitôt.

Et c'est bien là que se trouve la réponse à la question un peu naïve que nous nous posons tous à ce moment précis du film "en pince t'il encore pour elle ?".

La réponse est bien évidemment positive.

Dès lors que Marie lui avoue sa séparation d'avec Serge, à deux reprises un peu furtives, Bruno Cremer contemple le plat de lentilles posé devant Marie, comme si, ayant laissé échapper, sans doute par caprice, ou sur un coup de tête, quelque chose lui tenant vraiment à coeur, il souhaitait rapidement le reprendre, prenant conscience que les décisions hâtives ne sont jamais les meilleurs choix.

Je ne saurais vous commenter le choix du réalisateur pour les lentilles, peut-être un goût personnel et immodéré pour cet accompagnement, ou une volonté de rajouter un angle accessible aux personnages, en les attablant devant une spécialité qui sent bon le terroir et la tradition française. Reste à prouver si l'émotion eut été intacte devant des harengs pommes à l'huile ou des oeufs mimosas, que nous traiterons très prochainement.

Tout le talent de Claude Sautet est là, nous faire redécouvrir son oeuvre à chaque visionnage, en plaçant l'important au coeur du détail. C'est ce qui rend ses films tellement humains, à la portée de nos émotions les plus élémentaires, avec des personnages qui respirent et exaltent un peu ce que nous sommes...

...Des personnages simples au service d'histoires simples.

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Prévoir :

- lentilles vertes du Puy (60 à 75 g. par personne),
- 1 carotte,
- petits oignons blancs,
- un bouquet garni,
- sel et poivre.

Faire tremper les lentilles (précédemment triées) dans l'eau pendant toute une nuit.
Les égoutter, les mettre dans une cocotte à fond épais, les recouvrir d'eau froide et ajouter la carotte coupée en fines rondelles, les petits oignons coupés en petits quartiers et le bouquet garni.
Faire cuire doucement pendant une heure environ.
(saler et poivrer au milieu de la cuisson).
Traditionnellement servi en accompagnement d'une viande de porc, les lentilles sont également délicieuses avec du saumon. Le film ne dit pas quel était l'accompagnement servi dans "Une histoire simple"...

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(cliquer sur la photo pour l'agrandir)

28 novembre 2010

La quiche... de "Potiche"

"Pour ce qui est de l'électroménager, je suis une vraie petite reine" s'écrie Catherine Deneuve alias Suzanne Pujol quand son mari la tance lui reprochant son incessante insatisfaction. Difficile donc pour elle de louper une recette, et encore moins une quiche, équipée ainsi de la dernière technologie en matière d'art culinaire.

Ce film drôlissime de François Ozon, qui a su très fidèlement et avec beaucoup de finesse adapter la célèbre pièce de Barillet et Gredy jouée pendant des centaines de représentations par Jacqueline Maillan, n'est pas uniquement la simple description burlesque d'une certaine bourgeoisie de sous-préfecture. C'est aussi en filigrane la peinture de l'ascension féminine, de l'accroissement de son autorité, comme si Suzanne Pujol après mûre réflexion avait décidé pour une fois de porter la culotte, laissant son mari au repos devant "Aujourd'hui Madame" et face à une tourtière dont les fumets de la quiche préparée par sa femme flattent son odorat encore empreint d'aigreur et d'acidité.

Car c'est bien là que se niche tout le talent de "Potiche" : pouvoir tenir les rênes de l'entreprise familiale en même temps que l'équilibre domestique de son foyer.

Et notre quiche dans tout cela ? Pourquoi ce choix ? Pour quelles raisons ? Même si elle n'est qu'évoquée et n'est visible ni dans la pièce ni dans le film, les auteurs ne l'ont pas placée là par hasard. C'est que cette quiche colle aussi bien à la réalité quotidienne de Suzanne Pujol avant son "coup d'état" familial qu'à sa nouvelle existence de chef d'entreprise. C'est le plat idéal préparé par une épouse soucieuse du bien-être de sa famille, de son confort et de son épanouissement. Mais c'est aussi une recette que l'on peut concocter à la va-vite, qui fait de l'effet très rapidement et qui peut se déguster aussi bien chaude que froide. C'est une recette bicéphale, adulée de toutes les femmes au foyer, bourgeoises ou populaires, plébiscitée par les businesswomen pour son effet tape à l'oeil, comme une dose de "touche éclat" pour épater la galerie en un tour de main. C'est bien là tout le talent de notre Suzanne Deneuve ou Catherine Pujol : se faire irréprochable en matière culinaire quelles que soient les circonstances.

Potiche peut être, sûrement pas cruche et encore moins... quiche !

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Ni Catherine Deneuve, ni Jacqueline Maillan ne nous précisent s'il s'agit d'une quiche lorraine qu'elles ont préparée pour leur mari mais sans nul doute, elles faisaient allusion à la seule, la véritable, la classique... la quiche lorraine.

Il est fort à parier que vous avez déjà votre propre recette mais, en voici une que vous devriez particulièrement apprécier : la recette de Guy Martin (du restaurant étoilé Le Grand Véfour). Son petit secret se glisse certainement dans l'utilisation de crème fleurette... à moins que ce ne soit la cuisson préalable des lardons dans une eau bouillante... ou bien encore l'apport de quelques oignons... Essayez cette recette, vous l'adorerez.

Prévoir (recette inspirée de celle de Guy Martin mais avec des quantités légèrement différentes : moins de crème et plus d'oeufs) :
- une pâte brisée,
- 4 oeufs + 1 jaune,
- 30 cl. de crème fleurette,
- 200 g. de lardons nature,
- 1 petit oignon blanc.

Mettre dans une petite casserole les lardons, les recouvrir d'eau et les faire cuire jusqu'à évaporation d'une grande partie de l'eau. Bien les égoutter.
Battre les oeufs avec la crème fleurette. Saler légèrement et poivrer.
Étaler la pâte et la piquer avec une fourchette.
Déposer sur le fond de tarte les lardons ainsi que les oignons coupés en petits quartiers* en veillant à bien les répartir.
Verser délicatement la pâte sur les lardons et les oignons.
Préchauffer le four à 180°.
Faire cuire 30 à 35 minutes environ.

* on peut les faire légèrement dorer dans une poële avec un peu de beurre

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(cliquer sur la photo pour l'agrandir)

23 novembre 2010

Le cake d'amour... de "Peau d'âne"

"La situation mérite attention !" chantait la marraine interprétée par Delphine Seyrig dans le film enchanteur de Jacques Demy "Peau d'âne", le tout magistralement mis en musique par Michel Legrand. Il est fort à parier que la préparation du cake d'amour exigera de vos mains la même attention, car la pâtisserie se veut précise et précautionneuse, ne supportant que très rarement l'approximatif.

Non décidément le cinéma n'est pas le reflet de la vraie vie, car malgré toute la blondeur classieuse et aveuglante de Catherine Deneuve, on a du mal à croire qu'elle ait pu réaliser une pâtisserie aussi appétissante en un temps aussi bref, avec des gestes aussi peu rigoureux, et des mariages d'ingrédients le plus souvent discordants. Il est vrai que ses dons surnaturels ont dû voler à son secours, en comblant ses lacunes culinaires mais disons le encore une fois la vie n'est pas du cinéma, et pour réaliser ce cake d'amour vous pouvez laisser au vestiaire votre peau de bête, votre robe couleur de lune, votre diadème tout strassé et ne comptez pas voir éclore un gentil poussin au moment de casser vos oeufs.

Contentez-vous de suivre scrupuleusement la recette, avec laquelle nous nous sommes permis de prendre quelques libertés indispensables à la réussite de ce gâteau.

Si votre cake ne recèle pas de bague au moment de le déguster, c'est que vous filez le parfait bonheur, et le sourire conquis de votre moitié d'orange sera l'ultime cerise sur ce gâteau d'amour...

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Pour réaliser ce cake d'amour, prévoir :
- 180 g. de farine,
- 150 g. de sucre,
- 125 g. de beurre,
- 3 oeufs,
- 1/2 sachet de levure,
- 2 oranges (à jus).

Battre ensemble les oeufs et le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse.
Ajouter ensuite la farine et la levure (passée au tamis) et recommencer à battre le mélange.
Incorporer délicatement le beurre fondu et battre à nouveau la pâte.
Ajouter les zestes et le jus d'une orange.
Mettre la pâte dans un moule à cake. Cuire 40 minutes environ dans le four préchauffé à 180°.

Une fois le cake sorti du four, le laisser tiédir et le démouler.

Faire chauffer dans une casserole les zestes et le jus de la deuxième orange avec une cuillère à soupe de sucre glace. Laisser tiédir ce sirop et en imbiber le cake en répartissant les zestes sur le dessus.

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(cliquer sur la photo pour l'agrandir)

... mais si vous préférez être fidèle à la recette de Jacques Demy, en voici les ingrédients :

Préparez votre, préparez votre pâte
Dans une jatte, dans une jatte plate
Et sans plus de discours
Allumez votre, allumez votre four
Prenez de la, prenez de la farine
Versez dans la, versez dans la terrine
Quatre mains bien pesées
Autour d'un puits creux,
Autour d'un puits creusé
Choisissez quatre,
Choisissez quatre oeufs frais
Qu'ils soient du ma,
Qu'ils soient du matin faits
Car à plus de vingt jours
Un poussin sort,
Un poussin sort toujours
Un bol entier, un bol entier de lait
Bien crémeux s'il,
Bien crémeux s'il vous plaît
De sucre parsemez
Et vous amalga, et vous amalgamez
Une main de, une main de beurre fin
Un souffle de, un souffle de levain
Une larme de miel
Et un soupçon, et un soupçon de sel
Il est temps à, il est temps à présent
Tandis que vous,
Tandis que vous brassez
De glisser un présent
Pour votre fian, pour votre fiancé
Un souhait d'a,
Un souhait d'amour s'impose
Tandis que la, que la pâte repose
Lissez le plat de beurre
Et laissez cuire,
Et laissez cuire une heure...

22 novembre 2010

Silence sur le plateau !... Action !... On cuisine !...

Entrez dans "Le grand restaurant", pour le plaisir de "La grande bouffe". Faites confiance au "Garçon" pour vous régaler. Au menu "Poulet au vinaigre", au choix "L'aile ou la cuisse", à moins que vous ne soyez tentés par "La truite" ou même "La soupe au chou". Finissez les agapes par une "Pièce montée". Vous n'aurez plus qu'à demander "L'addition", mais vous risquez "Le choc" en montant sur "La balance".

Notre blog Claps de faim a pour vocation de marier deux arts, le 7ème et le culinaire. Le cinéma fait recette, nous allons mettre en recette le cinéma.

On pourrait évidemment citer Claude Chabrol, qui a toujours mis un point d'honneur à travers sa filmographie, à mettre en exergue les plats du terroir qu'il affectionnait tant.

Mais que ce soit chez Claude Sautet, Gérard Oury, Alain Resnais, ou même chez Jacques Demy, dont son film "Peau d'âne" illustrera notre premier clap, il n'est pas une séquence où l'on retrouve des comédiens, partageant un plat du terroir, ou dégustant un mets plus raffiné.

Laissez vous entraîner dans notre ciné-club gourmand, installez vous à notre table de montage, vous serez servis sur un plateau, et nous espérons qu'au fil des semaines vos bobines salivent d'un nouveau plaisir gourmet.

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